Les présidents de la Maison des Ailes
Notre « Maison » est l’idée d’un de nos as de la 1ère guerre, le Major Willy Coppens de Houthulst, inspiré par l’existence de clubs ou maisons des aviateurs où il était reçu en France, en Angleterre, en Italie, en Espagne. Il suscita l’enthousiasme, canalisa quelques bienfaisantes énergies et c’est ainsi qu’une Assemblée constituante enfanta le 21 décembre 1937 de notre toujours jeune sinon florissante A.S.B.L. « Maison des Ailes ».
Ce qui nous frappe en prenant quelque recul, est la volonté des fondateurs, dont le 1er Président, le Lieutenant-Général aviateur Duvivier, Commandant de la D.A.T. ( Défense Aérienne du Territoire ), d’y intéresser l’ensemble du monde aéronautique.
Cette Assemblée nomme alors des administrateurs parmi lesquels citons: le Comte d’Outremont, Président de l’Aéroclub Royal de Belgique, le Lieutenant Général Baron Wahis, Président de la Fraternelle de l’Aviation Militaire 14-18, le Général Major Aviateur Iserantant, « Président des Vieilles Tiges de Belgique », le Major Aviateur (r) Jos Vuylsteke, le Lieutenant Général Baron Greindl, Président de la Sabena, le Commandant Jacquet, le Colonel Médecin Sillevaerts, chef du Service de Santé de l’Aéronautique Militaire, le Capitaine Aviateur (r) L.J. Mahieu, le Général Major Chabeau, le Comte Arnold de Looz-Corswarem, le Major Aviateur (r) H. Feneau, M. Eugène Hersenberg, le Major Aviateur (r) Gaston Lambert, l’avocat Edouard Lemmens.
Notre « Maison des Ailes » saisit ici l’occasion de les citer avec reconnaissance. Ils se fixent comme première tâche de réaliser une oeuvre de soutien moral et matériel sous forme d’interventions dans les frais de séjour en « Maison de Repos » pour permettre à « ceux qui pratiquent ou ont pratiqué l’aviation de jouir, dans des conditions spéciales, d’un repos parfois durement gagné ou de retrouver le calme et la tranquillité dont leurs nerfs avaient besoin … « (sic)
En juin 1939 se réalise le deuxième objectif des fondateurs, l’inauguration de la « Maison des Ailes », lieu de rencontre et de fraternisation. Le mérite en revient surtout au Secrétaire Général, le Major Aviateur Joseph Vuylsteke et aux organisateurs du premier salon de l’Aéronautique. Toute l’aviation belge est présente, commerciale, civile, militaire, sportive et industrielle.
La « Maison des Ailes » est établie dans l’hôtel de la Baronne Albéric Rolin, au 53, avenue des Arts. En février 1944 le Conseil d’Administration achète cet hôtel et la maison située 1, rue Montoyer, notre adresse actuelle, pour 3.300.000 francs, en partie empruntés.
Durant la guerre, à part cette acquisition importante dont la « Maison des Ailes » vit encore aujourd’hui, nous ne trouvons pas de trace d’activité.
L’année 1950 est marquée par le décès du secrétaire général et fondateur de la Maison, le Colonel Vuylsteke. Disparait aussi une grande bienfaitrice, Madame Marie Monseur-Fontaine. Grâce à sa générosité, la Maison hérite de biens importants qui lui permettent de passer des années difficiles et de faire face aux amortissements des emprunts. La plus grande partie de cet héritage est réservée aux Fonds National d’Aide aux Oeuvres de l’Aviation(1).
C’est en 1951 que fut créé à sa demande le prix Marie Monseur-Fontaine, d’un montant de 10.000 frs, destiné à récompenser un aviateur ayant accompli une performance dans l’année. En 1952 le prix est attribué pour la première fois au Capitaine Bouzin.
La Maison des Ailes se voit également confier l’octroi de bourses d’études conformément au désir du donateur du capital « Fonds des Ailes pour bourses d’études »
En 1955, la Maison entre dans une ère de prospérité endeuillée par le décès de son Président Fondateur, le Lieutenant Général Aviateur Duvivier. Des prêts sont consentis; les prix attribués; l’Hôtel de l’avenue des Arts et la maison de la rue Montoyer sont rénovés, rafraîchis et aménagés. L’activité des membres est intense. La présidence de la Maison des Ailes revient bien naturellement au Lieutenant Général Aviateur Lucien Leboutte D.F.C., auréolé d’un prestige et d’un respect unanime.
De 1958 à 1962 l’évolution est importante et la décision de démolir l’immeuble de la rue Montoyer et de le reconstruire en y aménageant de logements sera complétée ultérieurement par la vente du 53, avenue des Arts dont les frais d’entretien deviennent prohibitifs; cette vente sera effectuée en 1968.
Grâce à cette vente le passif pourra être absorbé et le nouvel immeuble pourra recevoir les aménagements que nous lui connaissons à ce jour.
La salle du Châpitre de la Confrérie du Cardinal PAF décorée par un des membres, le peintre Jean Dratz, devient le restaurant au sous-sol ; la cuisine y est également installée. L’entrée, hall de réception et les vestiaires sont établis rue Montoyer.
Avec le recul et à la lecture des comptes-rendus d’assemblées, il nous paraît évident que la Maison des Ailes, même à sa période faste de 1958 à 1968 est passée par de sérieuses difficultés de gestion dont les racines sont toujours identiques: appui aux organismes d’affiliés, mais faible fréquentation pour des services parfois haut de gamme avec pertes au bar et au restaurant, frais de fonctionnement et d’entretien trop élevés.
En 1969 intervient une modification importante des statuts qui permet au personnel parachutiste de devenir membre actif en sus de tout personnel navigant ou ex-militaires ou civil; s’y ajoutent les membres adhérents proches de l’aviation et sympathisants de la Maison des Ailes.
Néanmoins, le manque d’assiduité des membres ou d’intérêt de la Force Aérienne pour la vie du Club, les fluctuations dans la rentabilité des différents composants, bar, table, hôtel, la location de surface à des organismes de l’aviation créent de sérieux soucis, il faudra attendre 1984 pour que la barre soit redressée, et que les comptes deviennent enfin positifs.
La gestion est reprise en main par un groupe restreint d’administrateurs. Dès 1986 le Col Avi e.r. Maus s’investit bénévolement avec le Col Avi e.r. Paul Coucke au respect des règles de gestion journalière et au règlement d’innombrables problèmes parfois épineux.
La Maison atteint en 1988 ce que l’on pourrait appeler son régime de croisière avec environ 500 membres. Elle sert de point d’ancrage à quelques 59 associations, sociétés et groupes divers proches de l’aviation. En 2017, ces chiffres sont de 350 membres et 30 associations.
Seule ombre au tableau, Fonavibel et les Cadets de l’Air l’ont quittée depuis 1976. Dès cette époque, la Maison des Ailes a identifié la nécessité d’intéresser les plus jeunes à ses activités et de promouvoir ce lieu de rencontre privilégié entre les générations.
Il faut attendre 1990, pour que naisse le projet de rapprocher la Maison de la Force Aérienne en se regroupant avec le Cercle Sportif de l’Avia, les Cadets de l’Air et Fonavibel au sein d’un site unique.
Ce projet ne se réalisera pas pour de multiples raisons. Il aurait sans doute permis d’ancrer la jeune génération à la Maison et aurait apporté un sang nouveau.
Entre-temps, en 1986, vu son âge, le Lieutenant Général Avi L. Leboutte D.F.C. donne sa démission de Président; il reste néanmoins Président honoraire et propose de nommer à la présidence, Lieutenant Général Avi J. Lefebvre, chef d’Etat-Major. Après le décès de ce dernier en 1995, le Général Major Aviateur e.r. Camille Goossens lui succède et restera au commande jusqu’en mars 2017.
La Maison des Ailes crée en 1990 le Fonds Lucien Leboutte destiné à prêter l’argent nécessaire à des candidats agrées pour l’obtention de licences de pilotes professionnels ou de ligne.
Une sage décision de gestion ferme l’hôtel et permet la transformation des chambres en bureaux qui trouvent preneurs sans peine et représentent une source bienvenue de revenus. Depuis lors de nombreuses améliorations et rafraîchissements des locaux ont été réalisés, la gestion est saine, la Maison des Ailes veille à préserver ses fonctions et de se rapprocher à nouveau des objectifs de ses fondateurs.
Il est significatif d’en trouver trace dans les changements de statuts adopté par l’AG du 12 juin 1996:
– la maison reçoit son appellation néerlandaise « Huis der Vleugels » ;
– des statuts bilingues sont publiés ;
– la maison est rendue accessible à de nouvelles catégories de membres parmi les militaires en service actif de la FAé, des aviateurs de l’Aviation Légère, de la Gendarmerie et du Régiment Para Commando.
Pour son 60ième anniversaire, S.M. le Roi Albert II accorde à l’A.S.B.L. la « Maison des Ailes » son Haut Patronage.
Depuis mars 2017, la présidence de la Maison des Ailes est assurée par le Lieutenant Général e.r. François Florkin.
(1) Une plaque commémorative est installée dans le hall d’entrée. Une peinture-portrait de Madame Marie Monseur-Fontaine orne la Salle du Conseil.